Bibliographie de Gustave Flaubert

Œuvres de Jeunesse 1831-1846

Louis XIII - [Trois pages d’un cahier d’écolier] - Les soirées d’étude - Narrations et discours - Opuscules historiques - La Fiancée et la tombe - la Grand Dame et le joueur de vielle - Un Parfum à sentir - Chronique normande du Xe siècle - La Femme du monde - Un Secret de Philippe le Prudent - La Peste à Florence - Bibliomanie - Rage et impuissance - La Dernière Heure - Une leçon d’histoire naturelle (genre commis) - La Main de fer - Rêve d’enfer - « Quidquid volueris » - Passion et vertu - Loys XI - Agonies - La Danse des morts - Ivre et mort - Mémoires d’un fou - Rome et les Césars - Étude sur Rabelais - Smar - Les Funérailles du Docteur Mathurin - Mademoiselle Rachel - Pyrénées-Corse - [Cahier intime de 1840-1841] - Novembre - L’Education sentimentale (1845) - [Voyage en Italie]

Œuvres

Éditions numérisées

La plupart des œuvres de Flaubert et sa correspondance (environ 4.500 lettres), ainsi que les manuscrits de Madame Bovary et de Bouvard et Pécuchet sont consultables en ligne sur le site Flaubert de l’université de Rouen Normandie : flaubert.univ-rouen.fr

Les œuvres de jeunesse

Flaubert commence à écrire à l’âge de 9 ans. Ce sont des pièces de théâtre, des nouvelles, des récits historiques. Ses textes de jeunesse sont souvent empreints de violence. On peut les classer en trois cycles, par ordre chronologique : un cycle historique, un cycle philosophique et fantastique (qui comprend Smar, un « vieux mystère » religieux) et enfin un cycle autobiographique (Les Mémoires d’un fou et Novembre).

Dans Passion et vertu (1837), une femme en quête d’absolu, délaissée par son amant, empoisonne mari et enfants avant de s’empoisonner elle-même. On voit poindre Emma Bovary en Mazza et Rodolphe sous les traits de son séducteur, Ernest.

Les Mémoires d’un fou (1838-1839) : Flaubert a 17 ans, il lit Rousseau, Musset, Goethe et Byron. Ce récit, à la fois fictif et autobiographique, évoque son amour platonique pour Élisa Schlésinger. Le narrateur décrit d’abord son enfance d’écolier malheureux, puis, à Trouville, la rencontre de Maria, femme mariée de 10 ans son aînée. On y trouve les prémisses de la scène inaugurale de L’Éducation sentimentale de 1869 : « un flot plus fort avait mouillé les franges de soie de ce manteau. Je l’ôtai pour le placer plus loin ». Ce geste lui permet de faire la connaissance de Maria. Il revient chaque jour sur la plage et s’abîme dans un amour idéalisé et désespéré. Ce manuscrit sera offert à son ami Alfred Le Poittevin.

L’Éducation sentimentale (1843-1845) : Flaubert commence ce premier roman alors qu’il est étudiant en droit à Paris et l’achève après une grave crise nerveuse, sans doute épileptique, qui interrompt ses études et le ramène à Rouen. Ce long texte est à la fois un bilan de sa jeunesse et le début d’une nouvelle écriture. Comme son titre l’indique, il s’agit d’un roman de formation. Deux amis prennent des chemins opposés : Henry, étudiant devenu bourgeois, fait un beau mariage et se retrouve ministre ; Jules, poète exalté, se convertit à « l’art pur » et devient un grand artiste. Ils renoncent tous deux au sentimentalisme.

La correspondance

Flaubert ne voulait laisser que ses œuvres à la postérité, fidèle à son principe d’impersonnalité. Après sa mort, sa nièce Caroline a cependant commencé la publication de sa correspondance. Un certain nombre de lettres ont été détruites, par Flaubert, par sa nièce, ou par certains destinataires. L’éditeur Louis Conard a publié la Correspondance dans les Œuvres complètes de Flaubert à partir de 1909. Des inédits ont été ajoutés ultérieurement. Actuellement l’édition électronique (par Yvan Leclerc et Danielle Girard) permet d’accéder à près de 4.500 lettres de Flaubert et à plus de 2.400 lettres qui lui sont adressées. Ces lettres sont consultables par date, par correspondant, par lieu d’écriture et de conservation, et par thème (selon quatre grands axes : l’homme, la personnalité, l’écrivain et les œuvres.)

De 1829 à l’année de sa mort, Flaubert entretient de très nombreux échanges épistolaires avec 272 destinataires : sa famille, ses amis, Louis Bouilhet, Maxime Du Camp, dont de célèbres auteurs : George Sand, Maupassant, les Goncourt, Tourgueniev... et les femmes, qui tiennent une place importante dans sa vie : Louise Colet, la princesse Mathilde, Marie-Sophie Leroyer de Chantepie... Pour cet homme souvent reclus, acharné à sculpter ses phrases, la correspondance est un moment de liberté. Il y parle de son travail, de ses projets, de ses soucis quotidiens et de ses amours. Il utilise généralement un ton très libre, voire familier.

La Correspondance de Flaubert est une œuvre majeure de notre littérature. Elle éclaire son époque ; il y aborde tous les sujets, actualité, religion, politique, mœurs, sans hésiter à choquer. Il en montre aussi toute la complexité (bourgeois, il fustige la bourgeoisie). « Document sur son temps, riche de jugements personnels et souvent profonds, […] la Correspondance de Flaubert est surtout une “voie royale” pour pénétrer sa personnalité et comprendre son œuvre » (Jean Bruneau).

La Correspondance nous révèle l’homme : « Chère Maître, J’ai reçu le paquet de livres. – Ils sont maintenant rangés devant moi. Je vous remercie bien de ce cadeau. On vous admirait et vous aimait, vous voulez donc qu’on vous adore ! Où êtes-vous maintenant ? Je suis seul, mon feu brûle, la pluie tombe à flots continuels, je travaille comme un homme, je pense à vous et je vous embrasse » (lettre à George Sand du 12 septembre 1866).
Dans un autre courrier à George Sand du 1er janvier 1869, il note : « Pourrais-je faire un livre où je me donnerai tout entier ? » La Correspondance semble réaliser ce souhait.