Le Comité de liaison des associations dix-neuviémistes, l’Association des amis de Flaubert et de Maupassant, et le CEREdI (Centre d’Études et de Recherche Éditer/Interpréter) de l’Université de Rouen Normandie organisent un colloque les vendredi 15 et samedi 16 octobre 2021, au Palais du Luxembourg, Sénat, à Paris sur le thème « Flaubert politique ». Ce Colloque international est organisé en collaboration avec le Centre Flaubert, CÉRÉdI, Université de Rouen Normandie, et le CL19 (Comité de liaison XIXe siècle). Cette journée sera consacrée à la mise en perspective des œuvres de Flaubert et à l’examen des idées politiques et sociales de l’auteur, dans leur rapport aux contextes pluriels et mouvants du XIXe siècle et à celui de la crise que connaît aujourd’hui la démocratie. Responsable : Jean-Luc Brière. Comité scientifique, placé sous la responsabilité d’Antonia Fonyi. Membres : Thomas Boucher, Judith Lyon-Caen, Yvan Leclerc, François Vanoosthuyse.
Appel à communication en ligne sur le site
Conditions d'accès
Sur inscription obligatoire sur le mail ici
La présentation d’une pièce d’identité et du pass sanitaire sera exigée à l’entrée.
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Note d'intention
Flaubert a traversé un siècle marqué par des changements considérables, foisonnant sur les plans idéologique, économique, social, institutionnel et politique. De 1820 à 1880 la France a connu deux révolutions, des insurrections, la Commune de Paris, des répressions sanglantes, une guerre sur le territoire national, et cinq régimes différents.
Élevé dans les idées libérales, Flaubert, passionné par l’Histoire, est gagné par le scepticisme au milieu des années 1840, et il se tient sa vie durant en marge de la vie politique, et critique à l’égard de tous les régimes. Il ne manifeste pas d’intérêt pour « la question sociale », devenue centrale en 1840. Si l’on en croit sa correspondance et les analyses les plus partagées par les spécialistes, il rejette aussi bien le socialisme sous toutes ses formes que l’ordre monarchique et clérical ; il est opposé à la démocratie et au suffrage universel qui assurent, selon lui, la victoire du nombre et de la masse au détriment de l’intelligence. Il estime que l’égalité, qu’il oppose à la liberté, est le triomphe de la bêtise. Il n’adhère pas à la croyance au progrès. Il prône un gouvernement de « mandarins », une « aristocratie légitime » (lettre à George Sand du 29 avril 1871) d’hommes exerçant le pouvoir au nom du savoir. « La politique sera une éternelle niaiserie tant qu’elle ne sera pas une dépendance de la Science », écrit-il à George Sand le 5 juillet 1869.
En 1857 Flaubert est rattrapé malgré lui par la politique. Poursuivi pour la publication de Madame Bovary, il écrit à son frère : « Mon affaire est une affaire politique, parce qu’on veut à toute force exterminer la Revue de Paris, qui agace le pouvoir » (lettre à Achille Flaubert du 1er janvier 1857) Plus que l’orientation de la Revue de Paris, n’est-ce pas surtout son roman qui est mis en cause, au nom d’une politique fondée sur l’ordre social et moral ?
Les romans de Flaubert posent des questions politiques spécifiques. Salammbô, « roman historique » conçu dans un esprit différent des romans de Walter Scott, représente le déchaînement d’une violence féroce et dont l’interprétation demeure partiellement énigmatique. L’Éducation sentimentale égalise les bourgeois petits et grands, le peuple, le socialisme, le christianisme et la démocratie, hiérarchisant à peine les discours qui traversent l’espace public et n’offrant ainsi aucune prise à la récupération politique.
Un chapitre de Bouvard et Pécuchet est consacré à la politique et aux événements de 1848 à 1851 vécus par les habitants de Chavignolles, qui incarnent, chacun à sa manière, la bêtise générale, jugée par les deux personnages. La pièce politique Le Candidat comporte une satire des élections au suffrage universel et de l’opportunisme politique. Dans Madame Bovary sont épinglés le rituel politique des Comices agricoles, et la phraséologie des autorités locales et des journaux qui la relaient.
On voit que, si Flaubert exprime dans sa correspondance son rejet de la politique et son scepticisme à l’égard des idéologies, en revanche, son œuvre fictionnelle est en prise directe sur la vie politique, et peut être lue comme une interrogation permanente sur l’histoire des pratiques et sur les enjeux juridiques et politiques fondamentaux.
Les affirmations tranchées de la correspondance et la complexité de l’œuvre fictionnelle ont suscité dans un passé plus ou moins récent les réflexions de Georg Lukacs, Jean-Paul Sartre, Pierre Bourdieu ou Jacques Rancière.
Tout le programme :
Vendredi 15 octobre 2021
9h30 : Mot de bienvenue par Madame Catherine Morin Desailly, Sénatrice de la Seine-Maritime
Introduction par Yvan Leclerc
Matinée
- Sous la présidence de Madame Sandrine Treiner, Directrice de France Culture -
Penser et dire
10h. Christèle Couleau (Sorbonne Paris Nord), « Tonner contre » – Un ethos politique flaubertien ?
10h40. Ian Byrd (Lyon), « Ironie et apolitisme : le cas des lettres à Marie-Sophie Leroyer de Chantepie »
11h20. François Vanoosthuyse (Rouen), « Flaubert penseur de la domination »
Après-midi
- Sous la présidence de Monsieur Michel Winock, historien
14h. Jordi Brahamcha-Marin (Le Mans), « “Le Sentiment est tout, le droit rien !” : Flaubert contre la Commune »
14h40. Jean-Marc Hovasse (Sorbonne Université), « Flaubert lecteur de Victor Hugo politique, de Châtiments aux Misérables » (titre provisoire)
- Sous la présidence de Madame Catherine Morin Desailly, Sénatrice de la Seine-Maritime
15h30. Stéphanie Dord-Crouslé (Lyon, CNRS), « Mirabeau tribun, Mirabeau intime : regards flaubertiens croisés »
16h10. Yvan Leclerc (Rouen), « Politique et littérature »
Samedi 16 octobre 2021
NB : Entrée : 15ter rue de Vaugirard, 75006 Paris
Matinée
- Sous la présidence de Madame Sonia de La Provôté, Sénatrice du Calvados -
Itinéraires
9h30. Jacques Neefs (Johns Hopkins University et Université Paris 8), « L’Antiquité de Flaubert, politique, religion, barbarie »
10h10. Robert Saint-Clair (Hanover, NH, USA), « De l’utopie, réellement : trois hypothèses sur le réalisme, la mort et le rêve dans Un cœur simple »
- Sous la présidence de Madame Éléonore Reverzy, Paris Sorbonne nouvelle -
Le roman politique
11h. Mathieu Roger-Lacan, « Épaissir le temps de 1848 avec L’Éducation sentimentale »
11h40. Sophia Mizouni, « Les parcours performatifs de Frédéric Moreau : la marche comme espace d’énonciation »
Après-midi
- Sous la présidence de Madame Laure Darcos, Sénatrice de l’Essonne -
Le roman politique (suite)
14h. Éric Le Calvez (Atlanta, USA), « L’Éducation sentimentale : “La chute de la monarchie…”, étude génétique »
14h30. Philippe Dufour (Tours), « Un roman fin de règne »
Comité scientifique
Placé sous la responsabilité d’Antonia Fonyi.
Membres : Thomas Boucher, Judith Lyon-Caen, Yvan Leclerc, François Vanoosthuyse