Bouvard et Pécuchet

Bouvard et Pécuchet est un roman inachevé de Gustave Flaubert publié en 1881 à titre posthume. Le projet d’un roman comique remonte à 1872, date à laquelle il en fait part à George Sand. Dès cette époque, il songe à écrire sur la bêtise de ses contemporains. Plus tard il envisage un sous-titre : « Encyclopédie de la bêtise humaine ». Tout au long de son travail, il va collecter une impressionnante documentation, il parle de mille cinq cents livres.

Dans Bouvard et Pécuchet, le comique vient de la frénésie des deux compères à vouloir tout savoir, tout expérimenter, et surtout de leur incapacité à comprendre et à mettre en pratique leurs lectures. Le roman publié ne constitue que la première partie du projet. Flaubert souhaitait aussi y associer un second volume, le Dictionnaire des idées reçues. Le roman est publié en feuilleton dans La Nouvelle Revue, de décembre 1880 à mars 1881, puis le livre paraît chez Lemerre. A l’exception de Maupassant, la critique est sévère.

L'histoire

Un dimanche d’été, à Paris, deux promeneurs, Bouvard et Pécuchet, se rencontrent sur un banc public. Ils s’aperçoivent qu’ils ont eu tous deux l’idée d’écrire leur nom dans leur chapeau : « Alors ils se considérèrent. ». Bouvard et Pécuchet découvrent qu’ils exercent le même métier de copiste, et qu’ils ont les mêmes centres d’intérêt. Un héritage opportun de Bouvard va leur permettre de vivre à la campagne selon leur désir. Les deux amis achètent une ferme à Chavignolles, près de Caen, et se lancent dans l’agriculture sans autre préparation que la lecture d’ouvrages de vulgarisation et de conseils pratiques glanés au hasard. Leur enthousiasme de néophytes et leur incapacité à comprendre leurs lectures n’engendrent que des désastres. De la même manière, ils vont s’intéresser, successivement, aux sciences, à l’archéologie, à la littérature, à la politique, à l’amour, à la philosophie, à la religion et à l’éducation. Ils se lancent dans de grands débats mais leurs opinions ne s’appuient que sur des poncifs. Ils ont cependant des éclairs de lucidité. « Alors une faculté pitoyable se développa dans leur esprit, celle de voir la bêtise et de ne plus la tolérer. »

Le roman est interrompu au chapitre dix sur l’échec éducatif de Bouvard et Pécuchet, les deux « orphelins » dont ils ont voulu assumer la charge se montrant totalement rétifs à leur pédagogie. Quelques notes de Flaubert nous renseignent sur la fin prévue pour le roman : « Sont-ils des fous dangereux ? », « des imbéciles inoffensifs ? », « Pas de réflexion ! Copions ! […] égalité de tout […] Il n’y a de vrai que les phénomènes. / Finir sur la vue des deux bonhommes penchés sur leur pupitre, et copiant. »

Le Dictionnaire des idées reçues

Cet ouvrage regroupe sous forme de dictionnaire des définitions et des aphorismes entendus en société, au hasard des conversations. Flaubert commence à mettre en forme ces aphorismes, ces clichés sur la société française de son époque à partir de 1850. Il souhaitait publier ce recueil, également inachevé, avec Bouvard et Pécuchet. Mais il ne sera publié, de manière posthume, par Louis Conard qu’en 1913.

Il comporte environ mille définitions se rapportant à des noms communs ou des noms propres qu’il traite souvent avec un humour noir. Les thèmes sont très variés, mais certains sont récurrents comme l’hygiène et la santé, la pudibonderie, les poncifs esthétiques... On trouve aussi des sujets d’indignation futiles. Gustave Flaubert utilise souvent l’infinitif à valeur d’impératif impersonnel, ce qui donne à son Dictionnaire des allures de parodie de manuel de bonne conduite en société.