œuvre de Flaubert

Par les champs et par les grèves

Entre mai et juillet 1847, Gustave Flaubert et son ami Maxime Du Camp parcourent la Bretagne « sacs au dos et souliers ferrés aux pieds ». Ce voyage d’environ 100 km, effectué dans des conditions parfois difficiles, est pour Flaubert « une fort jolie excursion ». Il découvre « la mer ! le grand air, les champs, la liberté, j’entends la vraie liberté, celle qui consiste à dire ce qu’on veut, à penser tout haut à deux, et à marcher à l’aventure en laissant derrière vous le temps passer sans plus s’en soucier que de la fumée de votre pipe qui s’envole ».

Voyage en Orient

Dès sa jeunesse, comme tous les romantiques, Gustave Flaubert est fasciné par l’Orient. En octobre 1849, alors âgé de 28 ans, il entame son grand voyage en Orient, accompagné de son ami Maxime Du Camp. Ce type de voyage est prisé par les artistes romantiques depuis Chateaubriand (Itinéraire de Paris à Jérusalem). Jusqu’en juin 1850, ils feront le tour de la Méditerranée en commençant par l’Égypte, qui en sera l’étape la plus marquante, puis vers Beyrouth, Jérusalem, Damas et Constantinople, avant de revenir en Europe par la Grèce et l’Italie.

Trois contes

Le recueil Trois contes, comprenant Un cœur simple, La Légende de saint Julien l’Hospitalier et Hérodias, se présente comme un triptyque traitant de l’époque moderne, du moyen-âge et de l’antiquité. On découvre à chaque fois un univers cruel marqué par la présence du surnaturel et de la sainteté. L’unité du style est rendue par la virtuosité et la puissance d’évocation à dépeindre atmosphères et personnages. L’œuvre renoue avec d’anciens projets de l’auteur. C’est la dernière qu’il pourra achever. Le livre paraît le 24 avril 1877 chez l’éditeur Georges Charpentier.

Le Candidat

En 1872, Flaubert a travaillé à l’adaptation d’une pièce de son ami Louis Bouilhet, Le Sexe faible. Ce travail l’incite à se consacrer lui-même à l’écriture théâtrale. L’année suivante, de septembre à novembre, il écrit un vaudeville : Le Candidat, une comédie politique, dont l’intrigue est assez compliquée. En mars 1874, la première a lieu au Théâtre du Vaudeville mais c’est un échec et Flaubert la retire de l’affiche à la quatrième représentation. Le Candidat paraît quelque temps après chez Charpentier.

Le Château des cœurs

Flaubert rédige cette féerie en dix tableaux avec ses amis Louis Bouilhet et Charles d’Osmoy en 1863, comme un intermède après Salammbô. L’argument est simple : des gnomes ont volé les cœurs des hommes et les tiennent prisonniers dans le Château des cœurs. Pour rendre leur bonté aux hommes, les fées doivent trouver deux amants purs qui seuls pourront délivrer les cœurs. Originale et coûteuse, mêlant fantastique et satire sociale, la pièce ne sera pas jouée.

La Tentation de Saint-Antoine

En 1845, Flaubert est très impressionné par La Tentation de saint Antoine, un tableau alors attribué à Brueghel le Jeune qu’il découvre à Gênes. Cela le conduit à écrire, sur ce thème, un poème en prose, lyrique, fantastique et métaphysique. En 1849, il en fait la lecture à ses amis Du Camp et Bouilhet et reçoit un jugement définitif : « Nous pensons qu’il faut jeter cela au feu et n’en jamais reparler. » Il tente cependant une seconde version en 1856 puis une troisième, largement remaniée.

Bouvard et Pécuchet

Bouvard et Pécuchet est un roman inachevé de Gustave Flaubert publié en 1881 à titre posthume. Le projet d’un roman comique remonte à 1872, date à laquelle il en fait part à George Sand. Dès cette époque, il songe à écrire sur la bêtise de ses contemporains. Plus tard il envisage un sous-titre : « Encyclopédie de la bêtise humaine ». Tout au long de son travail, il va collecter une impressionnante documentation, il parle de mille cinq cents livres.

L’éducation sentimentale

Flaubert travaille sur son grand roman « parisien » à partir de 1864. Il situe l’action entre 1840 et 1863, années qui voient à la fin de la Monarchie de Juillet, les révolutions de 1848 et le Second Empire. Pour s’imprégner du contexte social, il étudie les lieux, se documente sur les idées politiques et le socialisme. Si Flaubert reprend des éléments autobiographiques pour ce roman d’apprentissage, son ambition est plus vaste : « Je veux faire l’histoire morale des hommes de ma génération ; “sentimentale” serait plus vrai.

Salammbô

Dès 1857, Flaubert songe à écrire une grande fresque antique et accumule les lectures. Ayant commencé l’écriture de Salammbô, il entreprend un voyage en Afrique du Nord pour se documenter sur place, en avril 1858. Ses notes seront publiées d’abord sous le titre : Voyage à Carthage en 1910, puis dans l’édition de la Pléiade sous le titre : Voyage en Algérie et en Tunisie. La cité de Carthage, détruite, est le cadre idéal où déployer un imaginaire puissant, tout empli de couleurs et de violences, dans le goût orientaliste de l’époque et en accord avec ses propres visions.

Madame Bovary

Le roman a d’abord été publié dans la Revue de Paris sous forme de feuilleton d’octobre à décembre 1856. Malgré des coupes pour éviter un procès, Madame Bovary est poursuivi par la justice le 29 janvier 1857 pour « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonne mœurs ». On reproche à Flaubert « le réalisme vulgaire et souvent choquant de la représentation des caractères ». L’acquittement est cependant prononcé et le roman sera publié dans son intégralité, dès avril, chez l’éditeur Michel Lévy.