Flaubert rédige cette féerie en dix tableaux avec ses amis Louis Bouilhet et Charles d’Osmoy en 1863, comme un intermède après Salammbô. L’argument est simple : des gnomes ont volé les cœurs des hommes et les tiennent prisonniers dans le Château des cœurs. Pour rendre leur bonté aux hommes, les fées doivent trouver deux amants purs qui seuls pourront délivrer les cœurs. Originale et coûteuse, mêlant fantastique et satire sociale, la pièce ne sera pas jouée.
Elle est publiée en feuilleton, accompagnée d’illustrations dont Flaubert ne voulait pas, dans La Vie Moderne, de janvier à mai 1880. La fin de la publication coïncide avec la mort de Flaubert. Cette pièce a été montée à Paris en 1995 et à Lyon en 2011.
L'histoire
De retour d’Orient, Paul, dont le père est mort ruiné, quitte la campagne pour Paris. Jeanne, une paysanne, doit partir se placer à Paris. Elle aime Paul en secret. Sur la route, un inconnu prédit à Paul un avenir brillant s’il se montre cynique, misérable s’il choisit la vertu. L’inconnu se révèle être un gnome. Introduit chez un couple de banquiers, Paul affronte malversations, séductions et fausses amitiés. Il apprend que l’homme a causé la ruine de son père et que la femme se joue de lui. Il se retire misérable et désespéré mais la vertu a triomphé. Jeanne vient prendre soin de lui, mais Paul ignore son amour.
Pour lui plaire, elle suit les conseils du gnome qui la travestit en riche parisienne, puis en bourgeoise convenable. Mais Paul, en quête de l’amante idéale, la repousse. Enfin, transformée en reine orientale, elle trahit son serment – ne pas révéler sa véritable identité – pour sauver la vie de Paul. Elle meurt donc mais la reine des fées lui rend la vie. Paul arrive seul au Château des cœurs où il est changé en statue. Les gnomes célèbrent leur victoire mais Jeanne survient et la statue s’anime. Paul et Jeanne s’avouent leur amour. Paul délivre les cœurs et part les distribuer aux hommes. Finalement le banquier, converti à la vertu, donne une grande fête populaire et les amants sont « heureux dans l’éternité ».