Le roman a d’abord été publié dans la Revue de Paris sous forme de feuilleton d’octobre à décembre 1856. Malgré des coupes pour éviter un procès, Madame Bovary est poursuivi par la justice le 29 janvier 1857 pour « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonne mœurs ». On reproche à Flaubert « le réalisme vulgaire et souvent choquant de la représentation des caractères ». L’acquittement est cependant prononcé et le roman sera publié dans son intégralité, dès avril, chez l’éditeur Michel Lévy. En dépit d’une critique souvent réservée, le roman rencontre un grand succès public, en partie dû au scandale. Ce livre dont Flaubert disait « [il] me torture tellement que j’en suis presque malade physiquement » et sur lequel il a travaillé cinq ans, marquera l’histoire littéraire.
Par son style et son analyse critique des « mœurs de province », Flaubert tourne en dérision les illusions romantiques et les valeurs des petits bourgeois. Ce roman opère une « révolution dans le roman » (Maupassant) et il influencera de très nombreux écrivains. De ce roman naîtra la notion de bovarysme (se concevoir et se vouloir autre que l’on est), et jusqu’à nos jours, il reste l’objet d’innombrables commentaires et interprétations. Son adaptation cinématographique par Claude Chabrol en 1991, avec Isabelle Huppert dans le rôle-titre, contribua à sa diffusion auprès d’un plus large public.
L'histoire
Le roman s’ouvre sur le portrait satirique de Charles Bovary adolescent. On le voit ensuite devenir officier de santé, être marié par sa mère et se retrouver veuf après un mariage décevant. Il tombe alors amoureux d’Emma Rouault, orpheline de mère et fille unique d’un cultivateur aisé. Élevée au couvent à Rouen, Emma a reçu une instruction médiocre. Nourrie de lectures et de rêveries sentimentales, encline à l’exaltation religieuse et à l’idéalisme romantique, elle croit échapper à l’ennui en épousant Charles. Une invitation au bal du château de Vaubyessard ravive ses rêves de vie mondaine. Mais Charles ne lui offre, à Yonville, un bourg de la campagne normande, qu’une vie monotone, entourée de personnages triviaux : Homais l’apothicaire, progressiste et athée, le type même du notable de province suffisant, ou le grotesque curé Bournisien.
Toujours déçue, même par la maternité, dépressive, Emma cherche d’autres amours. Ils sont d’abord platoniques avec Léon, un clerc de notaire, puis passionnés avec Rodolphe, un châtelain libertin qui l’a séduite lors des comices agricoles. Plus tard, de nouveau seule, elle retrouvera Léon à Rouen où elle essayera de vivre sa passion sous prétexte de leçons de piano. Cependant elle ne parvient pas à échapper à Yonville. Elle dépense sans compter, se mettant sous la coupe du commerçant Lheureux, tandis que ses amants se lassent de ses excès et l’abandonnent. Désespérée, criblée de dettes, mais fidèle à son destin romanesque, Emma se suicide. Le roman se conclut sur le désespoir de Charles qui se laisse mourir, inconsolable, bien qu’ayant découvert l’inconduite de sa femme... Alors qu’Homais reçoit la croix d’honneur, le rêve de sa vie.
Madame Bovary, portrait de femme et peinture des mœurs de province, épingle avec réalisme et ironie le sentimentalisme et l’hypocrisie de l’époque.